Abbayes d'antan

MAIS OÙ SONT LES ABBAYES D’ANTAN ?

Des couvents et abbayes qui fonctionnaient avant la Révolution, c’est un bonheur de retrouver les survivants. Ainsi nous sont arrivées les trois maisons fondées au XVII^e siècle par l’ordre de la Visitation. Celle de La Flèche qui devint en 1802 le couvent des hospitalières de Saint-Joseph, celle de Mamers qui abrite encore les administrations publiques, et enfin celle du Mans qui, au cœur de la ville, servit pendant deux siècles de prison et de palais de justice.

La Visitation du Mans

Maintenant qu’ils ont recouvré leur liberté après des années de prison, les bâtiments manceaux reconstruits au début du XVIII^e siècle offrent un ensemble complet. Un projet immobilier de grande ampleur les prépare à entrer dans une ère nouvelle. La chapelle, unique édifice ici de style jésuite, avait su pérenniser sa fonction religieuse. Elle domine avec élégance la place de la République devenue piétonne. De l’intérieur très clair qui s’élève sur deux niveaux, il émane du décor exquis comme une touche féminine : ce fut en effet une moniale qui la conçut ainsi et qui guida sa construction à partir de 1730. Et du haut de la grille très fine qui court au niveau du premier étage, nous entendons encore chuchoter d’aise les sœurs tourières qui peuvent enfin nettoyer la voûte de l’église en toute sécurité. Chut… d’après la lettre circulaire écrite en 1754, les sœurs tourières s’étaient depuis longtemps plaintes du danger que cela représentait.

L’introuvable Abbaye des Chanoines de Beaulieu

Dans la ville basse du Mans sur rive droite de la Sarthe, deux abbayes fondées au Moyen Âge ont, au contraire, rapidement disparu. Rue du Port-à-l’Abbesse, se tient de nos jours une maison de retraite moderne, l’Éphade de Beaulieu. En longeant son grand mur inquiétant, on se souvient du Bon Pasteur, initiative du bienheureux Basile Moreau en 1833 pour recueillir les orphelines. Mais qui pense encore à l’abbaye de Beaulieu que des chanoines réguliers avaient bâtie ici et entretenue jusqu’à la Révolution ?

Quand Leprince de Claircigny  l’avait achetée en 1793 pour y transférer son impressionnante manufacture de cires, il disposait, dans l’enclos de deux hectares, de grands bâtiments conventuels avaient été reconstruits au début du siècle en belles pierres de tuffeau, enclos auquel s’ajoutait la grande prairie de six hectares.

Inutile de chercher puisque Leprince d’Ardenay, son frère, écrivit dans ses Mémoires que le nouveau propriétaire « abattit cette superbe maison » et « vendit les matériaux », ne conservant « qu’un petit pavillon ».

Promeneurs qui suivez les rues qui évoquent le Bon Pasteur et l’ancienne manufacture de cires, quand vous atteindrez la rue de Beaulieu, ayez une pensée pour les bâtisseurs de ce lieu.