Horloges
Horologium Sapientiæ
L'ouvrage original en latin, écrit vers 1334, par le dominicain de Constance Henrich Seuse (1295-1366), donna l'occasion aux copistes, de l'illustrer par diverses représentations d'horloges.
Notre guide conducteur est ici L'histoire de l'heure. L'horlogerie et l'organisation du temps, de Gerhard Dohrn-van-Rossum, 1997, dont la couverture représente cette miniature montrant huit instruments différents du XVe siècle :
à gauche :
- une grande horloge à cadran avec des chiffres de 1 à 24 (on ne voit pas les poids moteurs)
- un astrolabe (permettant de régler l'horloge)
au milieu :
- un carillon (déclenché certainement par l'horloge avec des leviers non représentés ici)
sur la table :
- un cadran solaire horizontal,
- un cadran de berger,
- un équatorium (1/4 de cercle dérivé de l'astrolabe),
- un anneau équatorial (à style polaire),
- une montre de table ouverte montrant ressort et fusée.
On reconnaît l'une des quatre vertus cardinales qui règle désirs et passions. Les anciens classaient les vertus en quatre familles : Prudence, Tempérance, Force, Justice (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 200). La sagesse classique et ses conseils sur les dangers de la passion, source d'aveuglement pour la raison, son apologie des vertus, si antiques à la fois et si chrétiennes, de tempérance et de prudence : modération en tout, juste équilibre, art de composer un mélange bien dosé avec tous les éléments nécessaires (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 214).
On verra également dans de plus anciennes représentations de la Tempérance, à Sienne, un sablier. À peu près à la même époque Thomas de Modène, nous propose la plus ancienne représentation connue d’une autre innovation faite vers 1300 et qui était à l’époque sensationnelle : les lunettes. (Cf. notre chapitre sur les opticiens).
Depuis le début du XVe siècle, l’étude des inventions développe une perspective historique : on met en relief les inventions récentes, les réalisations techniques de sa propre époque, ou l’on regroupe les plus importantes d’entre elles.
Sous Louis XIV, le Roi Soleil, il fallait régler les horloges publiques "selon le cours du soleil". Premier régulateur du temps, dans les sociétés anciennes, le cadran solaire, fut un compagnon loyal pour l'horloge mécanique, en l'aidant à se développer. Mais cette dernière abandonna son maître… trop silencieux. Ces premiers appareils "mécaniques", utilisés dans les églises sont dits « horloges monumentales ». Afin de décompter le temps, elles utilisent comme "moteur" une grosse pierre fixée au bout d'une corde enroulée sur un cylindre.Si on peut faire état d’une chronologie afin de nous situer en Sarthe, on adoptera : Paris 1370, Angers 1384, Poitiers 1387.
►Il nous est apparu nécessaire de compléter ce chapitre par une étude sur l’évolution du mécanisme même de cet objet en nous limitant seulement aux débuts de la mise au point de la régulation des horloges. Vaste programme... Afin de ne pas désorienter le lecteur nous conseillerons à ces derniers de retourner vers la lecture des livres de spécialistes, ou de consulter les sites internet.
Une horloge mécanique médiévale était constituée de quatre composantes : le poids d’entraînement, sa conversion sur des rouages et des engrenages, l’installation d’échappement ou de régulation, et le mécanisme d’indication sous la forme de sonnerie ou d’aiguilles. Seule l’installation d’échappement et de régulation fut une innovation caractéristique des horloges mécaniques. L’échappement à foliot, que l’on peut considérer comme la forme normale aux alentours de 1400, est un mécanisme grâce auquel la progression d’un arbre de rotation (verge) entraîné par un poids est freinée et régulée de telle sorte que sa rotation régulière puisse coïncider avec une norme temporelle, par exemple une heure équinoxiale. Sans un frein de ce type, la rotation de la verge s’accélérerait constamment. L’échappement est provoqué par une roue montée en fixe sur la verge ou reliée à elle par des transmissions comportant un nombre impair de dents en forme de scie s’engrène dans un arbre comportant deux palettes disposées perpendiculairement. Sur l‘arbre vertical est installée une sorte de fléau de balance. La roue fait tourner, à partir d’une palette, la verge et le fléau dans une direction, jusqu’à ce que l’autre palette stoppe le mouvement et inverse le sens de rotation. La durée de l’oscillation de la verge et du fléau peut être transformée par le placement des poids de régulation déposés sur le fléau.
Pour la Sarthe : dès 1474 il existait une horloge en la cathédrale du Mans, puisqu'on donne 12 livres à Gervaise Lambert, "atrempeur de l'horloge de Saint-Julien". La deuxième fut l'horloge astronomique installée en 1507 par le Cardinal de Luxembourg dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Nous possédons différentes indications sur ces horloges anciennes.
Voici ce qu'écrivait Paul Gelineau dans "Sciences et Arts de 1933" au sujet de l'horloge de Saint-Julien : "en 1736, l'échevin Véron déclare s'être rendu à l'horloge de Saint-Julien et l'avoir trouvée en si mauvais état que sa réfection s'impose ; le bureau municipal est unanime à approuver la construction d'une horloge neuve. Le marché est traité aimablement avec l'horloger Boutelou."
"Le 19 juin 1762, relate Paul Gelineau, deux échevins présentent un rapport dans lequel ils déclarent "avoir engagé le R. P. Bedos religieux de l'abbaye de Saint-Vincent, à visiter les horloges de la cathédrale et de la Cigogne et, qu'après examen, il leur avait démontré que ces deux horloges étaient à refaire".
Nous ne savons que peu de choses sur la manière dont les horloges mécaniques anciennes étaient fabriquées dans notre région. Elles sont de fer ou d'acier (voir Première horloge de Saint-Georges-du-Rosay 1624) et peuvent comporter des éléments de bois, comme à Mézeray où l'horlogeur s'oblige à fournir tout ce qui est nécessaire à faire la montre, à l'exception du bois et du menuisier. Pour Le Mans, nous avons des précisions : "si la ville veut suivre le même sistème qu'il a mis en pratique pour celle de Saint-Vincent, qu'est d'avoir une forge et boutique, d'ageter les matières et de louer des ouvriers, que c'est le seul moyen de n'être point trompé". La ville loue alors, le 28 juin 1762, une boutique dans un immeuble place du Château pour y installer un serrurier qui y fera construire une fournaise et placer des enclumes et autres instruments nécessaires à la réalisation du projet. Parfois, alors que le contrat n'était pas rempli, on risquait la prison. Ainsi, Louis Yvert, maître horologeur d'Assé-le-Boisne, fut condamné, par jugement rendu au siège du présidial du Mans le 5 juillet 1674, à être incarcéré "ès prisons royaulx de cette ville".
Rappelons, pour la petite histoire, toujours selon Paul Gelineau, que la première horloge construite en France fut installée au Palais de Justice de Paris. Il en est fait mention en 1334 dans un manuscrit de la B. N. F. et d'ajouter : "son cadran, qui datait de 1418, fut refait à neuf en 1885 ; tout son entourage, armoiries, médaillons, couronnes, etc., aurait été exécuté par notre compatriote Germain Pilon".
Catégories