Le chanvre dans le Maine

Le chanvre, est une plante annuelle herbacée qui atteint la taille imposante de 2, voire 3 ou 4 mètres de haut. Un botaniste du XVIe siècle l’assimilait même à un arbrisseau. C’est ce qu’écrivait Jeanne Dufour, professeur de géographie honoraire. Université du Maine et membre de Sciences et Arts de la Sarthe. Nous pouvons la suivre quand elle nous conduit dans la campagne sarthoise et ses lieux ignorés : les routoirs (mares isolées). Certaines d’entre elles fournissent d’intéressantes informations sur le travail du chanvre.
Rendez-vous près du champ de Châteaufort, entre Lavardin et Saint-Aubin. Vous y découvrirez des pavés entassés sur la rive, aujourd’hui englués dans la boue. Par ces tas de pierres qui les bordent, les banales pièces d’eau portent témoignage d’une affectation aujourd’hui révolue, celle des routoirs, qui autrefois, recevaient les gerbes de chanvre destinées au rouissage.
À la fin dChanvre 1u XIXe siècle, les pouvoirs publics avaient incité les agriculteurs à « rouir chez eux ».
L’écoulement, parfois contrôlé par une vanne, alimentait un réseau d’irrigation qui fertilisait les prairies situées en aval. Au cœur du village de Chérancé, en contrebas du pont qui enjambe la Bienne, s’étale une prairie peuplée de curieux objets. Un treuil, ou tout au moins ce qu’il en reste encore, solidaire de son support de béton et un vaste plateau métallique monté sur des roues à demi enterrées.

Ce sont là, les vestiges de l’invention d’un cultivateur de Doucelles, Léon Pichon, qui imagine un appareil permettant de rouir en réalisant une consdérable économie de fatigue et de temps.

 

Fours et fourneauxChanvre 3

Ignorés, eux aussi, par le visiteur un peu pressé, il faudra attendre les XIXe et XXe siècles, pour que les agriculteurs envisagent d’investir dans la construction des fours. Quelques rescapés nous restent encore. Ils sont installés généralement, dans un endroit éloigné, voire nettement à l’extérieur du cadre de vie. Parfois ils sont accompagnés d’une loge ou ‘brairie’, abritant les hommes qui vont devoir y travailler les gerbes brûlantes.
 

Le séchage

Lorsque la fermentation a produit l’effet désiré, à savoir la décomposition de la partie ligneuse des tiges et, accessoirement, celles des feuilles, la tuilée est démontée. Les gerbes disposées vertcalement en petites meules, on dit que l’on « fait le château », attendent un jour ou deux sur place. Puis le cChanvre 4hanvre, encore gorgé d’eau, gluant, est chargé sur des tombereaux qui, parfois sur plusieurs kilomètres, empruntent des routes, traversent des villages, cortèges insolites laissant dans leur sillage de noirâtres traînées aux effluves insupportables. Le séchage proprement dit se pratique sur prairie ou, mieux, en champ, sur sicots ou chaumes.

 


Filer

Avant 1870, on filait le chanvre dans toutes les fermes. En 1939, Paul-Cordonnier-Détrie précise : « l’hiver seul on filait, chez mes parents, on filait à la veillée avé l’oribu ».Chanvre 5
En ce temps, et depuis des siècles, l’opération du filage s’effectue soit au fuseau soit au rouet. Le premier procédé, qu’on appelle aussi le « filage au doigt », réclame, pour tout matériel, une quenouille, simple bâton de coudrier portant la poupée de chanvre et un fuseau qui n’est autre qu’une légère pièce de bois allongée. 

 

Faire des cordes

Chaque village, ou presque, a son cordier, lequel occupe au sein de la communauté une place à part. Spectaculaire, son métier intrigue ; ne frabique-t-il pas des objets à la fois indispensables et courants par le simple miracle de ses mains ! Et puis, il a cette curieuse façon de marcher en arrière, accroché à son fil à l’horizontale, comme une araignée à la verticale. La première étape du travail de l’artisan consiste à préparer le fil. Dans son atelier ou, de préférence à l’extérieur. L’artisan porte sa réserve de chanvre autour deChanvre 6 la taille ou tout simplement enfouie dans son tablier retourné en forme de poche. Après avoir confectionné, avec les premières fibres, une boucle qu’il accroche au mécanisme du rouet, il dévide son chanvre tout en reculant. Ainsi il se forme, s’allonge en se tordant, soutenu à intrvalles réguliers par des sortes de râteaux dressés. Tout l’art consiste à alimenter avec la plus grande régularité possible, en maintenant une tension permanente. Le fil obtenu est enroulé sur de grosses bobines appelées tourets. 

 

 


Le tissagePhoto metier a tisser copie

L’instrument le plus répandu est le métier à pédales ; deux pédales suffisent à commander deux cadres ou lisses pour la fabrication de la toile. Il se présente, pour la partie fixe, comme un bâti carré d’environ 2 à 3 mètres de hauteur, de largeur et de profondeur. Fabriqué par le charpentier ou le charron du village, à partir de chênes champêtres. « Rien que du cœur pas d’aubier » précise un témoin il sert à confectionner des pièces de toiles de diverses largeurs, entre 80 centimètres et 1,40 mètre. La dimension la plus répandue correspond à une aune, soit 1,20 mètre.

 

Métier à tisser le chanvre

La dure condition des tisserands

Au début du XXe siècle, dans chaque commune, travaillent en moyenne de deux à cinq tisserands « accidentels », sans compter ceux qui en vivent de manière permanente. En 1840 dans 300 communes sur les 386 que compte notre département à cette époque, on tisse le chanvre. On le voit, le tisserand a été longtemps un personnage familier dans le paysage traditionnel. On l’entend, d’ailleurs, plus que l’on ne le voit car il passe ses journées et une partie de ses nuits dans la pénombre de sa cave, là où l’humidité permet aux fils de conserver leur souplesse et surtout là où il ne gèle pas. Esclave de la toile, il accomplit cent fois, mille fois les mêmes gestes ; au rythme lancinant de la navette qui va et vient. Il en arrive à faire tellement corps avec son métier qu’il en perd sa propre identité.

 

Aujourd-hui, au XXIe siècle

À Coulaines, du four à chanvre à la maison du chemin creux

C’est à partir d’un article paru dans Le Mans ma ville n° 331 (du 10 au 16 janvier, paru le mercredi 10 Janvier 2024), que notre curiosité fut intriguée, à Martine Leguy et à moi-même, par le terme four à chanvre, indiqué à l’avant du bus. Pourquoi avoir utilisé ces mots « Four à Chanvre », comme référence d’une ligne de bus ?
La réponse nous fut donnée par cet article salvateur du 10 janvier 2024 :

Four a chanvre coulaines

 

 

 

Coulaines, commune de 8000 âmes, a conservé quelques traces de son passé, à commencer par son four à chanvre datant du XXe siècle, et un tronçon de son aqueduc romain qui traversait autrefois la ville. Avec ses 60 hectares d’espaces verts et ses 15 kilomètres de chemins creux. Le temps d’une balade ressourçant du parc Madona jusqu’à la maison des chemins creux, laissez-vous conter l’histoire de Coulaines.

 

Nous avions donc en plus, sur le "Plan Bus", les positions des arrêts et celui-ci est facile à situer : N°28.

 

 

Mais sur ce plan… apparaît aussi l'arrêt 11,  Le Cadran, pourquoi ce mot ? si évocateur pour moi !
Martine Leguy et moi, nous nous souvenons alors des "Affiches du Mans, cote A  N°46 17 nov 1788" :
Une maison à vendre située près du Cadran-Bleu au dehors de la paroisse Saint-Vincent N°28 s’adresser au notaire qui donnera les éclaircissements néceffaires !!!

Voici donc enfin, où ce Cadran s’était mis à l’ombre !!!

Vous pouvez peut-être vous rendre sur les lieux, mais il n’y a plus aucune trace, ni de la maison… ni du cadran.  Alors ? si vous trouvez des traces aux archives, aux cadastres, pensez à nous : on vous promet Le Soleil !!!

 

Date de dernière mise à jour : 14/03/2024