Le café de Bretagne, troquet centenaire du Mans

Le café de Bretagne, troquet centenaire du Mans

D’après les archives, l’établissement a au moins 112 ans. Le Café de Bretagne est toujours là, tout comme sa gérante, Nicole Galisson, 78 ans.

Retour sur ce troquet emblématique de la ville :

Sur les murs les affiches

Si on y entre par hasard, un après-midi pluvieux, il y a de quoi être surpris : une odeur de cigare imprègne l’atmosphère, chaque centimètre de mur est recouvert par des affiches d’accordéonistes, ou des photos de souvenirs, à tel point qu’on peine à distinguer le papier peint style écossais.

 

 

Dans un coin, un vieil accordéon. Peut-être même aussi âgé que la gérante, dont les cheveux blancs trahissent les 78 ans. Les archives retrouvées indiquent que le Café de Bretagne était déjà là en 1913. Il aurait donc au moins cent douze ans.

 

Un endroit hors du tempsLe cafe de bretagne

L’établissement a connu la Première et la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle l’ancienne propriétaire « a empêché un jeune garçon de 13 ans de se faire déporter », raconte Patrick Bourgault. L’écrivain est devenu un spécialiste de ce café, dans lequel il se rend lorsqu’il est au Mans. Il y a même dédié un chapitre dans son livre Voyage dans les bistrots de l’Ouest. « C’est un café émouvant par son histoire. »

Pour Pierrick Bourgault, un café, « c’est un lieu imprégné d’humanité ». Un lieu comme on en fait plus trop désormais. Le Café de Bretagne est donc « une bulle temporelle suspendue ». Où on commande à boire, certes, mais surtout où on se rencontre et on discute.

 

« C’est un peu comme la famille »

Michel 85 ans a cote de sa femmenicole 78 ansEt cette bulle temporelle perdure grâce à Nicolle Galisson, qui gère depuis quarante-deux ans l’établissement. Elle est épaulée par son mari Michel.    

À respectivement 78 et 85 ans, ils continuent, jour après jour, à accueillir les habitués et les clients de passage. « C’est le quartier, nos habitués. C’est un peu comme la famille », glisse Nicole, pour justifier sa présence derrière le comptoir.

 

Et c’est d’ailleurs se que disent aussi les clients, comme Dom et Rachèle, qui viennent quasiment tous les jours : « Je venais déjà ici avec mon frère, quand je rentrais au Mans », se souvient Rachelle. Et pour Dom, ancien facteur qui s’arrêter au café pendant sa tournée : « J’ai toujours aimé venir ici, parce que c’est convivial. »

Et lorsqu’on leur demande de raconter leurs souvenirs, les uns comme les autres ne savent pas par où commencer tellement il y en a : « les bals où m’emmenait ma sœur lorsque j’étais petite », les fêtes de quartiers, les assemblées de chasse.  Ça a toujours été la fête », ponctue Nicole.

 

Et après ?

Difficile donc de lâcher, même à l’âge de 78 ans : « Je n’ai jamais eu de problème :  je suis bien ici, et on ne me mettra pas à la porte. » Pourtant, Michel, son mari, soutien inconditionnel et sans faille, est plus pessimiste : « Vous savez ce que ça de rester ouvert ? Heureusement que les murs nous appartiennent. Par les temps qui courent, les petits bistrots de quartier disparaissent les uns après les autres. »

Alors, doucement, devant l’obstination de Nicole à rester, il préfère plaisanter : « Avant, j’étais garagiste et j’ai pris ma retraite il y a vingt ans. J’avais plus de temps pour l’aider au café. Je ne savais pas que j’allais prendre un CDI à perpétuité ! » Mais fier malgré tout de sa femme et du Café de Bretagne, dont il tient absolument à raconter l’histoire : « ça a toujours été tenu par des femmes. Il paraît qu’il y en a même une qui est allée jusqu’au bout : elle était morte dans le café. » Anecdote qui inspire visiblement Nicole, qui s’exclame : « C’est beau ! »

Agathe LEGRAND

Extraits d’un article du 16 février 2025. Paru dans Ouest-France.

J’ajouterai

En ce qui concerne les bistrots et les cafés de nos villages, dans des communes de moins de 3 500 habitants. Nos députés ont pensé (en 2025) à revitaliser certains territoires ruraux. Ces établissements étant des acteurs économiques importants des zones rurales, mais aussi des acteurs essentiels du lien social.

Tout est là, pour nous rappeler l’atmosphère des ‘’temps d’antan’’ où Balzac pouvait préciser : Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.

Date de dernière mise à jour : 15/04/2025