Cet enseignant fait la classe comme en 1923 Thoré-les-Pins
Cet enseignant fait la classe comme en 1923
Thoré-les-Pins
Thierry Leroyer, enseignant et passionné par l’école d’autrefois, a proposé vendredi, un voyage dans le temps, en faisant classe comme il y a cent ans. Devant une centaine de personnes.
Vêtu d’une blouse grise, le maître d’école apparaît à la porte de sa salle de classe. Tout le monde en rang, filles d’un côté et garçons de l’autre.
Thierry Leroyer, président de l’amicale des écoles publiques de La Flèche et instituteur remplaçant, proposait une immersion dans l’école d’autrefois, à la salle des fêtes de Thorée-les-Pins, où il exerce en ce moment. Cela fait trente ans qu’il enseigne et qu’il collectionne tout ce qui a un rapport avec l’école ancienne. Et quinze ans qu’il expose son musée itinérant théâtralisé.
Lundi 1er octobre 1923, c’est le jour de la rentrée. La date et la morale du jour sont inscrites au tableau. Muni de sa baguette, l’instituteur pose une première question à la centaine de personnes en face de lui, enfants et parents du village. « Pourquoi la rentrée avait lieu, à l’époque, le 1er octobre ? « Rose, élève en CP, lève la main « Parce que les enfants devaient aider leurs parents pour la récolte ! »
Écrire avec une plume d’oie
Lire, écrire et compter étaient au programme. Thierry Leroyer, montre des livres de méthodes syllabiques, mais surtout un livre encore en vente aujourd’hui. « Le tour de France par deux enfants était le plus grand tirage après la Bible en France. On y découvrait les grands personnages, les paysages, les industries. Il a été écrit par une femme en 1880, G. Bruno », explique-t-il.
« Et comment ça se passait pour l’écriture ? » interroge le maître d’école. Les mains se lèvent : « Avec une plume », répondent les enfants à l’unisson. « Oui ! Une plume d’oie, jusqu’en 1850, que le maître devait tailler et fendre avec son canif. Il fallait la tremper dans de l’encre violette. Et pour apprendre à compter, ils avaient des bûchettes en bois et un boulier », complète l’instituteur.
Côté vestimentaire, « les élèves portaient une blouse pour ne pas se salir. En hiver, ils venaient avec une chaufferette en métal que le maître remplissait de braises. Ils enlevaient leurs sabots et posaient leurs pieds dessus pour se réchauffer », rapporte Thierry Leroyer. Plusieurs anciens, présents dans l’assemblée hochent la tête, se rappelant l’avoir utilisée.
Punitions et bons points
Tout au long du cours, le maître distribue des punitions : un (faux) coup de règle sur les doigts, une mise au coin pour le maire un peu dissipé, ou encore des tours de cour avec une ardoisière portant l’inscription « Je suis un cancre » pour un adulte repris pour bavardage.
Mais il y a aussi des récompenses : la médaille du mérite est remise à Abriel, élève de CP, pour bonne conduite, sans oublier les bons points. Thierry Leroyer explique : « Dix bons points donnaient droit à une image, et dix images à une grande image. C’étaient des trésors car à la maison, il n’y avait généralement que deux livres la Bible et l’Almanach. »
L’année scolaire se terminait le 14 juillet. « C’était une journée très importante, avec la remise des prix par le maire et ses conseillers devant tout le village. Les meilleurs recevaient des livres », conclut l’enseignant.
(Extraits d’un article paru dans Ouest-France dimanche du 17 mars 2024)
Date de dernière mise à jour : 22/01/2025