Le Mans - L'horloge fleurie

L’horloge florale du Mans

C’est le 26 juillet 1934 que notre horloge florale commence à mesurer le temps dans le square du tunnel, le long de la rue de la Comédie, (voir l'article de Olivier Renault : Ouest-France du lundi 8 juin 2020).

L’Histoire commence dans la France des années 1920, l’architecte voyer de la ville, monsieur Loullier a créé un Radio-club en réunissant l’élite du Mans au sein d’un club d’excellence. En 1929 Monsieur Loullier, qui deviendra président de la Société d’Horticulture de la Sarthe, soumet sa dernière idée : créer au Mans une horloge florale.
En 1920, le projet devient une curiosité. Mais techniquement l’affaire est bien plus délicate. Il s’agit de construire une horloge de 7 mètres de diamètre, suffisamment inclinée pour permettre une lecture facile de l’heure, actionnée par un mouvement mécanique souterrain.
Après examen c’est le dossier déposé par Pierre Touchard, un élève de l’Ecole Nationale d’Horlogerie de Cluses (Haute Savoie) qui est retenu.

L’éclosion de l’Horloge du Mans, le jeudi 26 juillet 1934, dans le square du tunnel, ne sera pas inaperçue. Dans l’Homme Libre, grand journal quotidien du matin, le journal de Clémenceau, on peut lire :
« Voilà n’est-ce pas un truc ingénieux pour faire aimer la vie à ceux qui peuvent encore se laisser prendre à ces illusions, y écrit Jacques Barty. Des journées de bosquets et de pelouses, des heures en fleurs, des aiguilles qui arrêtent le présent sur des bouquets. Et, mieux encore, la vie de l’année qui passe d’une heure à l’heure en fleurs de chaque saison. Plus rien de l’acier brutal qui fauche le temps, du cadran nu qui symbolise la platitude et la monotonie des jours. »

L’Horloge des grands rendez-vous.
L’Horloge du Mans ne tarde pas à se faire une place dans la vie quotidienne de la cité. Elle devient la toile de fond des lieux des rencontres de différentes sociétés artistiques, les Catherinettes, les Majorettes, les partisans du premier tramway…

La
curiosité du Mans fait le bonheur des artistes qui la photographient, et en achètent des cartes postales. C’est ainsi que l’éditeur manceau Dolbeau constate en 1980, que l’Horloge figure encore dans ses meilleures ventes !

H horloge florale Jacobins CP

Mais ‘’les grandes heures’’ de notre horloge florale sont sur leur déclin, et en mai 2009 l’horloge disparaît.

Qu’en était-il réellement de cette appellation Horloge Florale ?
Quand, à sa création, elle nécessitait 8500 fleurs et plantes, en 1970, elle n’en présentait plus que 6000… (rigueurs financières) !

En réalité, c’était une horloge fleurie, attrayante par les couleurs de ses fleurs et l’indication de l’heure. Mais l’ouverture ou la fermeture de ces dernières n’était pas liée à un moment de la journée ou de l’année et ne pouvait être associée à celle indiquée par les aiguilles issues d’un mouvement d’horlogerie.

Linné avait ‘’rêvé un plan de jardin’’ composé de nombreuses plantes dont les fleurs s’ouvrent ou se ferment à des moments particuliers du jour indiquant précisément l’heure. Pour constituer son horloge il retient les plantes suivantes :

  H horloge florale Jacobins2 h : l'Ipomoea purpurea s'ouvre
   3 h : l'Ipomoea nil et Galant de jour s'ouvrent

   4 h : le Tolpis barbata s'ouvre

   5 h : la Renoncule et la cupidone bleue s'ouvrent

   6 h : le Taraxacum officinale s'ouvre

   7 h : le Nymphae et l'œillet d'Inde s'ouvrent

   8 h : l'Anagallis arvensis et la Piloselle s'ouvrent, Taraxacum officinale se ferme

   9 h : le Calendula arvensis s'ouvre, le Laiteron se ferme

  10 h : le Cierge à grandes fleurs s'ouvre, la Lampsane se ferme

  11 h : l'Ornithogale s'ouvre

  12 h : La Passiflora caerulea et la Nyctanthe s'ouvrent

  13 h : l'Œillet mignardise s'ouvre

  14 h : la Scilla s'ouvre, le Mouron rouge et Arenaria se ferment

  15 h : l'Épervière et Anthericum ramosum se ferment

  16 h : la Barkhausia rubra s'ouvre, Allyssum calycinum et le Liseron se ferment

  17 h : la Silene noctiflora et Belle de nuit s'ouvrent, le Nénuphar se ferme

  18 h : l'Oenothera speciosa et l'Onagre s'ouvrent
  19 h : le Géranium triste et Mirabilis jalapa s'ouvrent, le Papaver nudicaule se ferme

  20 h : le Mesembryanthemum noctiflorum s'ouvre

  21 h : la Silène enflée s'ouvre.

Si l’idée a été reprise par de nombreux jardins botaniques au XIXe, elle fut abandonnée par son manque de précision !!!

Mais Jean Françaix a composé une œuvre pour hautbois et orchestre intitulée "l’Horloge de Flore" dans laquelle il nomme chacun des mouvements d’un nom de fleur en fonction de leur place sur l’horloge.
Et là, les Manceaux s'enthousiasment car ce compositeur est né au Mans le 23 mai 1912 et ils peuvent suivre avec un peu de chauvinisme son parcours exceptionnel. Son père était Directeur du Conservatoire du Mans, sa mère y était professeur de chant, Nadia Boulanger en assure sa formation musicale jusqu’à l’âge de 10 ans.

En 1923, Maurice Ravel l’encourage à continuer dans la voie qu’il a choisie et écrit :

"Parmi les dons de cet enfant, je remarque surtout le plus fécond que puisse posséder un artiste, celui de la curiosité."

Une Association du cercle des amis de Jean Françaix voit le jour et permet la réalisation d’un Oratorio ‘’L’Apocalypse selon Saint-Jean’’, inspiré par la Cathédrale Saint-Julien et l’Abbaye de Solesmes, créé à Paris en l’église de la Trinité et au Mans dans la Cathédrale Saint-Julien en 1999.

Date de dernière mise à jour : 18/11/2021