Le Mans - La Visitation

                                    Église de La Visitation, chapelle du couvent de la Visitation



Après la démolition des halles en 1844, l’horloge de cette dernière fut placée sur la façade de la Visitation. Elle était la première horloge que
Julien Gourdin fabriqua en 1836.
On en profita pour modifier le mouvement en y ajoutant "la force constante’", système que l’on trouvait sur une horloge munie d’un pendule compensateur et d’un échappement qui assurent sa parfaite régularité.

En 1915 l’horloge fut vérifiée en atelier ; en 1926 l’horloge s’étant arrêtée, elle fut réparée sur place. En 1934, nouvel arrêt. Comme toutes les machines semblables, l’horloge de la Visitation était mue par des poids que l’on remontait à la main. Mais une amélioration fut quand-même apportée
en 1935 : un moteur électrique accomplit ce travail. Seul le plus gros poids, celui qui actionne les sonneries, est remonté par le moteur électrique, comme il l’était alors à la main, et c’est ce gros poids qui remonte à son tour l’autre, celui qui met les aiguilles en mouvement.

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Une autre modernisation du système fut le fruit de
la maison Lussault. Le cadran extérieur vu de la place, est relié électriquement à la pendule principale présente sous le clocher de la Visitation. Cette pendule était vérifiée environ cinq fois par an, mais elle souffrait parfois de décalages importants, dus principalement à la chaleur qui dilate ses composants en métal.
La pendule elle-même est reliée à quatre cloches par un système mécanique de câbles et contrepoids. Ces cloches retentissent une double fois au premier quart-d’heure, deux doubles fois à chaque demi-heure, trois doubles fois aux trois-quarts d’heure, et quatre doubles fois à la nouvelle heure. Une sonnerie plus grave accompagne l’heure exacte : 1 fois à 1 Heure, 2 fois à 2 Heures etc… et ce, jusqu’à 12 Heures.
On peut constater les difficultés qui accompagnent la nécessité de connaître avec précision l’heure exacte. On avait pu déjà l’appréhender, de manière humoristique en 1911 à l’époque de l’établissement des fuseaux horaires. Les soucis des personnes chargées de maintenir constamment la régularité de la « marche » de l’horloge, et de la sonnerie des cloches peuvent êtres sujets à des réflexions désagréables. Déjà M. Réveillant qui gravissait tous les jours les marches du rude escalier qui mène à la tour en savait quelque chose. En 1993, M. Jean-Claude Le Roy, serrurier à la mairie, chargé de l’entretien de l’horloge de la Visitation, nous donne une description détaillée de cette "épique" ascension dans l’article Le Temps y est inaccessible, Maine Libre, 13 août 1993  (Emmanuel Lacroix) :
« Après s’être glissé par un passage secret derrière les toilettes de la République, le réparateur reçoit un accueil pour le moins étonnant ; attention, les pigeons sont là en nombre » précise-t-il. En effet, les volatiles nerveux surveillent le passage tels les gardiens du temple. Ascension au ciel. Un peu plus loin, une échelle en métal érige ses barreaux. L’ascension peut commencer. Au premier étage, un escalier en colimaçon n’en finit pas de grimper au ciel. Étroit, un peu glissant, il ne possède comme sécurité qu’une grande corde à tenir fermement.
En tout 68 marches éreintantes.
En chemin une petite porte donne sur la chapelle. Là, un balcon permet d’accéder au cadran extérieur de l’horloge. Mais l’aventure continue : le clocher est encore loin. L’escalier passé après maintes difficultés, il reste à franchir des poutres où courent des araignées. Tout semble vouloir barrer le passage. Il faut, tel un équilibriste, franchir chacune des étapes. Le boulot est passionnant, mais il faut avoir la santé. Un mécanisme fascinant. Le cœur de l’horloge est à portée de la main. Il est là resplendissant ».

Jean-Claude Le Roy présente avec fierté la machine : « C’est un mélange habile de roues, balanciers et cadrans. Elle se blottit derrière une vitrine en verre qui la protège de la poussière. C’est elle qui dirige et surveille l’heure pour les Manceaux ».
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Un peu plus loin, une nouvelle échelle appelle à continuer l’escalade. Ses barreaux mènent aux cloches. Elles sont quatre à surplomber la ville, fondues au siècle dernier par deux entreprises sarthoises (Bollée et Gourdin) elles résistent avec stoïcisme aux intempéries pour annoncer tous les quarts d’heure la marche inexorable du temps.

 

Photo Paul Deciron









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Date de dernière mise à jour : 18/11/2021