Les fées du Maine

LES FÉES DU MAINE

Compte-rendu d’Assemblée générale

(Ruillé-en-Champagne)

 Les fées, c’est comme les gens, il y en a des bonnes. Il y en a des mauvaises. Les mauvaises, mieux vaut les éviter. Par précaution. Parlons plutôt des bonnes fées.

Avez-vous déjà été convié (e) à un congrès des fées ?  Non ? Il ne nous est pas possible de vous révéler les dates de ces sorties d’assemblées générales, où se traitent des affaires des fées qui, par définition, échappent au commun des mortels. Quant aux lieux, ils changent continuellement. Les congrès pour lequel nous avons obtenu une accréditation spéciale se tenaient, cette nuit-là, au sommet d’une colline, située sur le territoire, de Ruillé-en-Champagne : le Tertre de Roche. Là, se trouvaient déjà, une douzaine de fées disposées en cercle. Immobiles, seuls les voiles de leurs robes frissonnaient au souffle imperceptible de cette belle nuit d’été, elles semblaient attendre. Soudain, venue de nulle part, apparut au milieu du groupe, une forme féminine. C’était la fée Bella qui, pour l’occasion, avait abandonné la tour de la Foresterie à Allonnes, où dort un trésor fabuleux. Elle fut bientôt rejointe, par une petite troupe désordonnée de créatures diaphanes. Les unes portaient de lourdes masses de fonte à la main. Les autres, d’impressionnantes enclumes sur le dos, mais aucune ne semblait éprouver plus de fatigue, que si elles eussent transporté un simple fétu de paille.

Elles venaient de Vancé. Là, parait-il, elles réparent, contre une pièce d’or, les outils que les cultivateurs déposent au pied de la Motte-Chauvin, leur repaire. Puis arrivèrent les fées qui, selon la légende, avaient construit, Notre-Dame-des-Marais, à la Ferté-Bernard. Enfin réunies, elles entonnèrent un chant étrange, semblable au murmure du vent qui fait vibrer les herbes de la lande. Un chant lancinant…

Lorsque nous nous réveillâmes, le soleil était déjà levé. Sur le Tertre de Roche, où nous nous étions endormis, de gros blocs de pierre formaient comme un cercle. Si vous vous y rendez, vous pourrez encore les voir. Ici, on les appelle le ‘’Conseil des fées’’

Extraits du livre Femmes en Sarthe, notes inédites de Paul Cordonnier-Détrie, collection de la Gouline.