Renée Diveau

Renée Diveau

(1704-1778)

       Marchande libraire au Petit Pont-Neuf

(Le Mans)

 À la fin d’avril 1778, maître Faribault, notaire, est requis pour dresser un inventaire dans une maison sur le petit Pont-Neuf, paroisse de Saint-Pierre-la Cour, au Mans. Le petit Pont-Neuf, c’est une ruelle en forte pente, tellement forte, qu’elle deviendra plus tard un escalier, qui descend de la place Saint-Pierre, à la rue des Filles-Dieu, à travers la muraille romaine. Il est alors bordé de maisons hautes et étroites, avec boutiques au rez-de-chaussée.

C’est dans l’une d’elles, que vient de s’éteindre Renée Diveau, la vieille marchande-libraire, qui était là depuis si longtemps. Rien d’étonnant à cette localisation : Le Pont-Neuf est l’axe majeur du livre, surtout depuis que la Grand’Rue a perdu de son activité commerciale. Et Renée Diceau avait repris le fonds de commerce de son beau-frère Pierre-Simon Ysambard, dernier d’une vieille famille mancelle du livre.

À sa mort en 1742, il avait laissé 2 000 volumes, représentant près de 200 titres. Au décès de Renée Diveau, on compte 300 titres et 3 000 volumes. Si les ouvrages de dévotion dominent toujours de très loin, on constate aussi un goût prononcé pour l’histoire ancienne, et une gamme assez étendue en Belles-Lettres, Sciences et Arts. Mais, à part un Rousseau, les Lumières sont singulièrement absentes !

Cela reflète-t-il le goût du public manceau, ou celui de la librairie elle-même ? On sait qu’elle s’approvisionnait à Paris, Orléans, Rouen, Caen, et qu’elle avait des clients dans tout le Haut-Maine. Derrière la boutique, le notaire inventorie une salle qui sert de salon et de cuisine, encombrée d’ustensiles, de vaisselle et de meubles, parmi lesquels un lit pour la domestique. La chambre de la chambre de la défunte est à l’étage, ornée d’une croix de bois avec la figure de Notre seigneur en plastre. Une garde-robe abondante, achève le portrait de cette libraire célibataire qui buvait du café et prisait le tabac

Extraits du livre Femmes en Sarthe. Jean-Pierre Èpinal