Spay

Maison, Presbytère, XVIIe et XVIIIe siècles

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Sur le cadastre de 1843, une aile relie le bâtiment actuel à l’église. La configuration de cet édifice avait donc la forme d’une équerre dont les façades donnent sur le Sud, assurant ainsi un bon ensoleillement.
La présence de deux cadrans solaires, un sur le pignon l’autre sur la façade, assurent l’éclairement tout au long de la journée. Gravés et peints sur enduit, ils sont, semble-t-il, de la même époque.

Après l’appel effectué par la Commission Culturelle du Département afin de répertorier et de sauvegarder les cadrans solaires de la Sarthe, Monsieur le Maire de Spay a bien voulu me contacter pour me signaler la présence de deux cadrans solaires sur le presbytère de sa commune. Ils furent les deux premiers cadrans que j’allais faire réaliser avec le minimum de connaissances indispensables en ce domaine.

Pour me familiariser avec cette « maison » une petite enquête dite historique était nécessaire, j’emprunterai dans les recherches de l’abbé P. Daumas quelques phrases significatives. Du Presbytère, peu à dire, si ce n’est de reprendre l’expression de la revue du Touring-Club de France dans son numéro de septembre 1977 :
« ravissante maison de curé du XVIIe comportant à l’extérieur deux cadrans solaires -malheureusement très endommagés- sur les façades Sud-Est et Sud-Ouest, et à l’intérieur un bel escalier en bois à balustre (XVIIe) ». Les archives départementales dans le dossier 14 F 3, me donnaient encore un indice quant à la possible datation des cadrans anciens : « en 1749 remise en état de la maison du vicaire en faisant les enduits dehors et dedans […] nous luy donnons plein et entier pouvoir de faire toutes réfections et réparations nécessaires de la-dite maison ». Je suis donc allé dans ce village le 12 octobre 1987 afin de les examiner.

Pour mener à bien une remise en état des cadrans il me fallait beaucoup plus d’éléments, mais les traces conservées in situ pouvaient déjà constituer de très bonnes bases. Il fallait faire vite car la réhabilitation était liée au piquetage général du presbytère et l’entreprise locale de maçonnerie voulait commencer ces travaux.
Le 11 janvier 1988 les échafaudages sont installés, je peux relever des cotes, enlever les styles-axes pour les faire nettoyer.

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1er cadran (pignon) : Entre deux fenêtres on devine les traces de lignes horaires et l’encombrement de la table, un style-axe en fer forgé ayant la forme d’un serpent. Quelques lignes horaires apparentes, mais peu précises. L’état de la surface est lamentable. Donc il peut disparaître.

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2ème cadran (façade) : Là peu d’indices. Un style-axe de même nature que le précédent : fer forgé, forme de Serpent. Pas de lignes horaires visibles. Les deux serpents sont enlevés. À partir de ce jour j’ai commencé l’étude proprement dite, en fonction des notes prises ; ne connaissant pas le dessin ancien du cadran, je décidai de refaire un cadran ayant le même encombrement que celui du pignon, de le centrer entre les deux fenêtres, et d’y ajouter des demi-heures.

C’est donc bien dans l’esprit de Dom Bedos qu’il fallait traiter ces dessins. À cette époque je réalisais les dessins des positions des lignes horaires par la géométrie et la trigonométrie.
Le cadran de la façade fut réalisé, pour les tracés, le 20 mars 1988 avec beaucoup de difficultés. Mais les travaux de maçonnerie sont terminés. Les calculs, avaient été vérifiés par M. Rosensthil, membre du club d’astronomie de la faculté du Mans, qui participa également au scellement du style, sous “une pluie battante” ! Nous reprendrons le chantier le 8 aout, pour terminer l’ensemble du chantier avec un magnifique soleil, mais une température de 30°, armés de règle de plâtrier, d’un compas de charpentier, de crayons… nous sommes, mon fils et moi, des apprentis cadraniers, mais nous réalisons tous les tracés dans la matinée ! Ce qui nous a permis de contrôler les positions de l’ombre sur les lignes horaires. Nous reviendrons en début d’après-midi pour constater que les deux cadrans indiquent bien midi solaire en même temps ! Tout va bien. Le peintre M. Péan pourra terminer l’ensemble.

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Ce furent-là nos débuts, heureusement nous perfectionnerons nos méthodes, en les rendant plus strictes et conformes aux réalisations employées au XVIIIe avec l’emploi de la « fresque » entre-autre et en restant le plus près possible de la Gnomonique Pratique de Dom Bedos de Celles. Puis plus tard toutes ces tâches furent confiées à l’entreprise Pavy et Monsieur Bouvet, qui voulurent bien « jouer » avec moi dans ce domaine particulier de la restauration des cadrans solaires.

Le dessin à gauche comparaison des deux styles-axes (23°11 et 32°36)

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           Photos P. Deciron. 1989

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Date de dernière mise à jour : 13/11/2021