Catherine DECHERCHE - Artemisia Mancelle

CATHERINE

DECHERCHE

(fin XVII e-début XVIIIe siècle

Une discrète Artemisia mancelle

Lorsque, vers 1638, la Romaine Artemisia Gentileschi, se peint elle-même s’activant sur la toile, dans un cadre audacieux et plein d’élan, elle intitule son tableau « Allégorie de la peinture ». Une femme peintre, est alors spécimen rarissime. Après elle, il faudra attendre Mme Vigée-Lebrun, pour rencontrer une femme exerçant une telle activité, avec un succès comparable. Et si, entre les deux, s’était glissée une discrète mancelle ?

 Si discrète, à dire vrai, qu’on peine à aligner trois précisions sur sa vie. Son existence n’en est pas moins certaine, et sa production picturale réelle, quoiqu’encore mal mesurée.

La famille Decherche ou  Decherches ou parfois ‘’de Cherche’’), est attestée au Mans, dès les années 1660. Jehan Decherche et Marie Desvaux, la vitrière de l’Oratoire, sont de la souche d’une nombreuse famille d’artistes, vitraillistes et peintres, dont on retrouve trace, pendant tout le XVIIIe siècle. Sans doute animés d’une ‘’conscience de famille’’, les Decherche, ont pris l’habitude de signer leurs œuvres, ce qui les préservent de l’oubli où ont sombré tant de peintres anonymes. Des tableaux signés Decherche, décorent, encore aujourd’hui, de nombreuses églises de la Sarthe, attestant une production abondante. Hélas, l’absence de prénom, ainsi qu’une relative unité stylistique de leurs toiles, compliquent notoirement les attributions.  Rien que parmi les tableaux destinés, à décorer la chapelle de l’Oratoire,

 trois sont des mains de descendants de la veuve Decherche, qui avait fourni les vitraux : l’un en 1695, est signé J. Decherche ; un autre de 1701 est signé « Decherche invenit et p »[prinxit] ; le troisième enfin, de 1707, est clairement signé Catherine Decherche !

Il s’agit de Jésus rendant la vie à un aveugle. Une demi-douzaines d’autres toiles lui sont également attribuées, en attendant que des recherches d’Anetta Palonka, viennent lever l’épais mystère, qui entoure encore, cette Artemisia mancelle.

Extraits de l’étude d’Anetta Palonka dans Femmes en Sarthe, actrice de leur temps