Une Fresque au cœur du Mans

Une fresque ancienne se cachait au cœur du Mans

  Rue des Minimes, les locaux de l’ex-Grignotine recèle un trésor. Une fresque datée, d’au moins, la fin du XIXe siècle, estiment deux artisanes, qui sont à l’œuvre pour la récupérer.

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Rue des Minimes, deux rubans de signalisation rouge et blanc, se croisent, devant un trou béant. Là encore, en début d’année, se tenait l’enseigne Grignotine. Pendant plus de 30 ans, ses gérants y ont vendu, des viennoiseries et des sandwichs, sans savoir que les murs de leur commerce, cachaient un véritable trésor. En partie dévoilé par les travaux menés à l’intérieur, du bâtiment, depuis quelques jours.

 

Dans les montagnes

Derrière le carrelage, une grande fresque, visible depuis la rue, a tapé dans l’œil d’une riveraine avertie : Anne Barkhausen, artisane du patrimoine et maître d’art. Son entreprise ? Le Décor français. Pas peu dire, qu’elle s’y connaît, en ornements muraux. Ni une ni deux, elle contacte le propriétaire des lieux, en fin de semaine dernière, et propose de retirer la peinture du mur, pour pouvoir la restaurer. Depuis hier, elle est à pied d’œuvre avec Katia Renvoisé.

« On va faire ce qu’on peut pour la sauver », confient les deux femmes.

La fresque daterait, selon elles, de la fin du XIXe siècle. Au moins. « C’est un sujet du XVIIIe décrit Anne Barkhausen. « Une scène champêtre avec une chevrière », poursuit Katia Renvoisé. Au cœur du décor, une femme tient un pot au lait, entourée de bêtes. Au loin, un chalet et des montagnes, sous un ciel bleu se dessinent.

 

Une vingtaine d’heures pour décoller la fresque

« C’est une peinture à l’eau, de la gouache réalisée à l’aide de planches, comme un tampon de bois gravé. Pour chaque couleur, une nouvelle planche est utilisée. Il y a énormément de détails, c’est une pièce d’un seul tenant », continue Katia Renvoisé. 

Pourquoi ce décor, entouré de frises, d’un soubassement et d’un encadrement, est-il là ? Pourquoi cette scène qui rappelle les paysages pyrénéens ou savoyards a-t-elle été dessinée ? Un mystère enthousiasmant pour les deux artistes : « À partir d’une fresque, on replonge dans l’histoire d’un bâtiment. Dans une ville en mouvement, c’est faire un bond en arrière »

Le chrono est désormais lancé. Anne et Katia ont « une vingtaine d’heures » devant elles, pour retirer la fresque de son mur, travaux et emploi du temps chargés obligent. L’opération est périlleuse. Nettoyage à sec, isolation avec un alcool « très léger », pose d’un papier japon sur le décor, pour le consolider et décollage de l’œuvre grâce à la vapeur…le chantier requiert de la technicité.

Un long travail de restauration

Si tout se déroule, comme elles l’espèrent, Anne et Katia repartiront avec la fresque. Un autre travail commencera alors : réparer les affres du temps, et lui redonner tout son éclat. « Parfait pour nos soirées d’hiver », s’amusent les deux femmes. Un jour, elles envisagent même de l’exposer.

Article de Margot Garnier, paru dans Ouest-France, du Mardi 9 septembre 2025

Date de dernière mise à jour : 04/10/2025