Les sorcières de Beaumont

JOANNAM, JUMELA,

AGATHA Et JOANNA

 

Les sorcières de Beaumont, 1457

 

 

 

                  Pitoyable, le petit cortège avance péniblement, au milieu d’une foule grimaçante. Elles sont quatre femmes qui chancellent, trébuchent et, maladroitement, tentent de conserver leur équilibre. Leur équilibre physique. Leur équilibre physique, s’entend. Quant au mental, il a bel et bien disparu, hébétées, elles laissent errer leur regard vide autour d’elles. Elles ne cherchent plus à comprendre les raisons, qui les ont jetées ici, misérables pâtures, qui n’ont quasiment plus rien d’humain. Il faut dire, qu’elles viennent de subir, deux journées éprouvantes, pendant lesquelles, ont leur a posé mille questions, auxquelles, elles n’ont rien compris. Ces lamentables femelles qu’on mène à l’échelle, c’est-à-dire au pilori, sont des femmes condamnées pour sorcellerie.  La rumeur, les a accusées, sans que l’on sache exactement pourquoi. Parce qu’elles se sont trouvées, par hasard, à un évènement dramatique ?  Parce que leur comportement ne s’inscrivait pas dans les convenances chrétiennes en vigueur dans la communauté ? Parce qu’elles sont des femmes ? Certainement.

Car les femmes sont, depuis la nuit des temps, tentées de commercer avec le Malin, c’est bien connu ! Aussi, l’évêque Martin Berruyer, dépêcher sur place, depuis Vivoin, où il séjourne, a-t-il interrogé ces quatre villageoises, originaires de Teillé, Chérancé, ou Meurcé. Au terme de l’audition, il les a déclarées coupables de sortilèges, maléfices, homicides, idolâtries, invocation et même relation avec le diable. En toute bonne conscience, il les a condamnées à subir le supplice de l’échelle, après qu’on leur eut coupé les cheveux, cela ne vous rappelle rien ? puis à faire amende honorable et à quitter le diocèse.

Photo du prieure de vivoin

 

Ce vendredi 17 juin 1457, revêtu de ses habits épiscopaux, il assiste à l’exécution de la sentence.

Finalement, elles ont eu de la chance. Plus tard, les sorcières, on les brûlera.

<-- Prieuré de Vivoin, bâtiment appelé aujourd’hui Plais de justice

 

 

 Extraits d’un article paru dans Femmes en Sarthe, page 32

Date de dernière mise à jour : 23/08/2025