Marguerite LE SILLEUR de Sougé
(Douillet-le-Joly et Sougé-le-Ganelon, année 1770)
Il y avait onze ans que ces Messieurs de la Société d’Agriculture, réfléchissaient aux moyens d’encourager les progrès agricoles dans le Maine, quand, au début de 1772, ils furent saisis d’une candidature inédite. Une dame leur envoyait, des échantillons de sa production de pommes de terre, cette plante nouvelle, dans laquelle on plaçait alors, de grands espoirs, pour vaincre les famines. Elle expliquait par le menu, les expérimentations qu’elle avait menées l’année précédente : essais comparatifs, une partie « chaussée » de terre et l’autre non, avec le fumier ou sans…Elle annonçait, les tentatives de semis de pomme de terre américaines « pour mieux parvenir à les naturaliser, au climat et au terrain ».
Qui est cette pionnière ?
Fille d’un noble du Maine, parti s’installer à Saint-Domingue, Marguerite Le Silleur de Sougé, y est née, et y a vécu jusqu’à son mariage, en 1738, à Douillet-le-Joly avec Pierre de Montesson. Ses travaux sur la pomme de terre américaine, s’appuient d’ailleurs en partie, sur le souvenir des pratiques observées, dans les Caraïbes. Après avoir mis au monde sept enfants, elle obtient la séparation d’avec son époux, dont l’intempérance semait des rejetons de ses œuvres, dans les villages environnants…Seule sur ses terres, avec ses enfants de 6 à 18 ans à élever, elle entame une nouvelle vie.
Assumant son rôle de « dame de paroisse » avec opiniâtre et parfois rudesse, elle juge de son devoir, de promouvoir les innovations en matière culturale et alimentaire, afin de nourrir, tant les humains que les bestiaux. Enthousiaste, le secrétaire perpétuel de la Société, Véron du Verger, salue cette femme au « goût éloigné de celuy de la frivolité du sexe de ce temps ». Mais il se heurte à des oppositions internes, et madame de Sougé, ni une autre femme, ne fut jamais admise au Bureau d’Agriculture manceau, avant la Révolution.
Le progressisme des Lumières, avait ses limites.
Étude réalisée pour Femmes en Sarthe actrices de leur temps.
Benoît Hubert : « Les fondateurs du Bureau du Mans de la Société Royale d’Agriculture, de la Généralité de Tours »
Date de dernière mise à jour : 23/10/2025