Carmen à Saint Lazare
LES OUVRIÉRES
DES TABACS
(Fin du XIXe siècle)
Carmen à Saint-Lazare ?
Á quinze ans, ça rentre à l’usine sans éventail
Du matin au soir, ça turbine.
Chair à travail
Fleur des sportifs, ça s’étiole
Quand c’est girond
Dans un guet-apens ça se viole,
Chair à patron.
La chanson filles d’ouvriers campe, de manière excessivement sombre, la dure condition ouvrière XIXe siècle. Ce que résume l’historienne Marie-Hélène Zylberger-Hocquard : L’ouvrière jeune n’a pas de mœurs, mère et épouse, elle ne remplit pas les plus élémentaires de ses devoirs, vieille elle est un objet d’horreur. Face à cet univers vide d’espoir, les femmes, qui travaillent dans les manufactures d’État, font presque figure de privilégiées.
C’est en 1875, que la manufacture des Tabacs, est installée au Mans. L’année suivante, paraît une annonce : Les ouvrières qui désirent obtenir du travail à la manufacture, sont informées quelles pourront se faire inscrire au bureau de l’ingénieur, partir du 4 janvier 1877, munies de leur acte de naissance et d’un certificat de bonne mœurs
L’activé industrielle, démarre immédiatement et prend de l’ampleur, avec l’inauguration, en 1884, de nouveaux locaux, entre le canal des Planches et l’église Saint-Lazare, qui sera édifiée quelques années plus tard. Sur les 615 personnes que compte l’entreprise publique à ses débuts, 567 sont des femmes. Certes, les journées de 10 heures, à raison de 6 par semaines, y sont longues, les fouilles systématiques humiliantes et le règlement sévère.
Mais de réelles avancées sociales, telles que la mise en place d’une caisse de secours, d’une école et même d’une garderie, rendent la vie plus supportable. Assurées de sensiblement plus élevés, que dans le secteur privé.
On comprend que nombre de Mancelles, de cette époque aient, un jour, rêvé d’entrer aux tabacs, puis de fonder un foyer, pour y vivre dans une aisance toute relative.
Extraits du livre Femmes en Sarthe, Laurent Fièvre, Les Manufactures de tabacs et d’allumettes.
Date de dernière mise à jour : 23/08/2025