Histoire de la statue oubliée d'Henri IV

L’histoire oubliée de la statue d’Henri IV

Au cœur du centre-ville, une fière statue rappelle l’importance du roi Henri IV pour la cité. Une histoire aujourd’hui méconnue qui remonte à 170 ans et qui changea le cœur de la ville.

L’histoire

Chaque jour, il vous toise du haut de ses 187 ans et s’apprête à fêter son anniversaire ce 28 juin dans l’indifférence générale. Pourtant, Henri IV veille sur la place, qui lui doit son nom sans faillir et a vu les plus grands se presser autour de lui. S’il semble aujourd’hui un peu seul en terrasse, au gré des époques c’est tout le cœur de la ville qui s’est construit autour de la statue.

Une statue fondue à partir de quatre canons

Jean-Claude Ménard, historien fléchois, en explique l’origine, il y a 170 ans « C’est sous le mandat Théodore Latouche, maire de la Flèche, fort du soutien du conseil municipal que fut décidée en 1855, l’érection d’une statue en l’honneur du bienfaiteur de notre cité. Le ministre de la Guerre, autorisa l’arsenal de Rennes à fournir quatre canons en bronze pour la fonte du monument. » L’empereur Napoléon III en personne et une subvention publique de 440 Fléchois, permettent de rassembler des fonds. Plusieurs sculpteurs se proposent alors, et c’est à Jean Bonnassieux qu’est confiée l’exécution de la statue.

Place Neuve ou place du Pilori ?

Reste ensuite à déterminer son emplacement. On avait d’abord pensé élever le monument au milieu de la place Neuve, actuelle place de la Libération, sur laquelle avait été brûlé, 64 ans auparavant, le cœur du roi, ce qui aurait constitué, un témoignage d’exploitation pour le sacrilège commis. Pourtant, c’est un choix de cœur qui est opéré en retenant la place du Pilori, proche du collège fondé par Henri IV, et plus centrale. À cette occasion, elle prend d’ailleurs le nom de Place Henri IV, par décret du 2 mai 1857.

L’orientation même de la statue est soumise à débat. Une étude présente ainsi Henri IV regardant en direction du portail d’honneur du Prytanée, dos à l’église. Finalement, les yeux du roi se porteront vers  la Grand-Rue, telle une ouverture vers la ville.

Une inauguration à portée nationale

La statue en bronze, haute de 1,78m, repose sur un piédestal, le socle en granit sert de réceptacle à des tuyaux de fontaine, dont l’eau jaillit par les mufles de quatre têtes de lion. Le sculpteur la décrit ainsi : « Pour rappeler que le bon roi a longtemps guerroyé et pour donner à ma statue à ma statue un lien de plus avec l’École militaire de La Flèche, j’ai représenté Henri IV armé de pied en cap, avec un simple manteau, comme il convient à un guerrier ; de sa main droite il contient et donne l’édit de la fondation, de sa gauche il s’appuie sur son épée, indiquant par là qu’il a conquis le droit de donner. Quant à la forme, j’ai eu pour les traits du visage, le fameux masque de Henri IV moulé sur la nature même ; pour le costume, les nombreux portraits du Louvre et les armures du musée des souverains. »

L’inauguration a lieu le 28 juin 1857, en présence des élèves du Prytanée, cher au cœur du roi, et de personnalités, comme l’ambassadeur de Turquie ou le ministre de la Guerre de Napoléon III.

De grande ampleur, les festivités se déroulent sur deux jours, entre manifestations officielles et réjouissances populaires, telles qu’run feu d’artifice, des corses en sac ou un colin-maillard.

Les journaux nationaux L’Illustration et le Monde illustré, s’en font même l’écho.

Si, depuis le XIXe siècle, la place Henri IV a connu bien des transformations, servant de parking, accueillant une élégante fontaine dans les années 80, ou plus épurée de nos jours, le Vert-Galant, lui, reste droit et fier en toutes circonstances.

Extraits de L’histoire oubliée de la statue d’Henri IV. Ouest -France du 31-1er juin 2025.