Marie DESVAUX - Vitrailliste de l’Oratoire
MARIE DESVAUX
DECHERCHE
La vitrailliste de l’Oratoire
Le Mans, 1680-1681)
La chapelle de l’Oratoire, est la seule église du XVIIe siècle, existant aujourd’hui au Mans. Depuis sa restauration des années 2000, elle est dédiée aux activités culturelles, offrant un écrin particulièrement adapté à la musique baroque, en si belle résonnance, avec l’époque de son édification. Si un concert vous y amène en plein jour, par exemple Cantates à l’Oratoire, certains dimanches, à 11 et 15 heures, vous ne manquerez pas de remarquer, combien cette église est accueillante au soleil. Elle le doit à une femme.
Le 11 juin 1663, à la cathédrale du Mans, Jehan Decherche, « un maistre vitrier », arrivant de la Brie, épouse une Mancelle, Marie Desvaux, fille d’un maistre chapelier. Probablement instruite, Marie signe avec aisance. Elle s’initie au travail du vitrail avec son mari, puis, devenue veuve, prend la direction de l’atelier. C’est elle, qui en son nom propre, passe contrat avec les pères du Collège de l’Oratoire, le 22 juillet 1680, pour « fournir, livrer, poser et placer toutes les vitres du dôme et église nouvelle dudit Collège ». Elles seront faites « de bon verre blanc semblable à l’eschantillon enveloppé d’un papier paraphé » par le notaire : il ne s’agit pas de tricher sur la qualité fournie ! Verre blanc, donc, ce qui explique la luminosité actuelle. Sauf quatorze panneaux colorés, que Marie Desvaux s’engage à fournir « de bon verre painct et de toutes les couleurs nécessaires et bien cuites […] suivant les dessins qui luy en seront ». Le tout sera serti « en bon plomb fort et solide, conformément au moule dont elle a aussy fourni un modèle au Père Supérieur ». C’est un gros contrat de 550 livres, qu’elle doit honorer avant la Toussaint, pour le dôme, et avant Pâques 1681, pour l’église. La nouvelle église de l’Oratoire, fut solennellement consacrée, le 25 mars 1683.
Alors, en savourant les volutes de Bach, un matin de Cantates à l’Oratoire, ayez une pensée, pour Marie Desvaux, la maîtresse vitrière…
Extraits d’une étude de Robert Triger, parue dans Femmes en Sarthe, actrices de leur temps. Édition Libra Diffusion 2012
Date de dernière mise à jour : 18/10/2025