Femmes de 14 : Femmes aux champs

FEMMES DE 14

Femmes aux champs

(1914-1918)

Août 1914

Auguste, petit agriculteur sarthois, vient de recevoir son ordre de mobilisation.

Avant de quitter la ferme, il va jeter un coup d’œil sur les trois poiriers, qu’il a greffés au printemps, de l’année précédente. Ils semblent déjà vigoureux.  « Je risque bien de ne jamais manger leurs fruits » lance-t-il, d’une drôle de voix. Il embrasse la petite Yvonne, sa fille, puis Marie sa femme, qui est enceinte de six mois. La mort dans l’âme, avant de la recevoir au cœur, il s’éloigne…

Courant septembre, Marie apprend qu’elle est devenue veuve. Deux mois plus tard, elle donne naissance à un garçon, qui s’appellera Auguste, en souvenir du père. Des milliers de famille partagent, ce tragique destin.

 Tout au long de cette guerre, l’absence des hommes, se fait cruellement ressentir. Ceux qui sont morts au combat, bien sûr. Mais aussi les survivants, retenus loin des leurs. Or, les travaux des champs, ne peuvent attendre. Il a fallu que les femmes assurent, au pied levé, des tâches considérées jusqu’alors, exclusivement masculines. Les vendanges succèdent aux moissons.

 Viennent les labours, puis les fenaisons. Et ainsi de suite, année après année. Sur les recommandations des vieux, elles ont dû apprendre, à manier d’étranges outils, si différents de leurs ustensiles de cuisine coutumiers. Faux, fléaux, moulins à vanner et autres pressoirs, leur sont désormais devenus familiers et la ferme, toute entière, vit sous leur autorité. Même les chevaux, dont les soins entraient traditionnellement, dans les prérogatives masculines.

Novembre 1918

Harassés, hébétés, les héros reviennent de l’enfer. Ils se sont sacrifiés, pour que la paix soit rétablie. Pour que tout redevienne comme avant. L’ordre d’avant. Celui des hommes !

Parce que, c’est bien connu, les femmes ne savent pas diriger…De bonnes cuisinières, de bonnes mères, ça oui !

Une grande incompréhension vient de naître.

Extraits de Femmes en Sarthe, actrices de leur temps