Anne-Victoire PILLON l'architecte de la Visitation
ANNE-VICTOIRE PILLON
(1663-1751)
La religieuse architecte de La Visitation
(Le Mans)
Une religieuse chargée de mission, au XVIIIe siècle, ce n’est pas banal. Quand de plus elle est architecte et peintre, on ouvre l’œil. Et quand, à cet œil, s’offre la seule église Régence de la ville, alors on est comblé !

Le 23 août 1713, l’évêque envoie, Anne-Victoire Pillon, étudier « les monastères nouvellement construits » en France. En effet, les Visitandines du Mans, ont décidé de reconstruire à neuf leurs bâtiments, fragilisés par les tremblements de terre de 1711. L’évêque écrit à la sœur Pillon, qu’il est « dûment informé des services et des secours, que la maison peut recevoir [son] application et de [ses] soins dans l’exécution de ce dessein » : elle avait donc, déjà montré ses talents, en matière de conception architecturale.
Il est vrai, qu’elle atteint l’âge de cinquante ans. La notice nécrologique rédigée après son décès, laisse entendre, qu’elle avait dans sa jeunesse « cultivé des dispositions qu’on lui remarquait pour les ouvrages de l’art », mais il est difficile d’en dire plus, sur sa formation et son expérience antérieure. On sait seulement qu’elle a été baptisée à Saint-Pierre-la-Cour, le 4 septembre 1663, et qu’elle était issue d’une famille de marchands bien alphabétisés. Originalité : son père, devenu veuf, mit ses filles en pension à la Visitation, et se fit ordonner prêtre !
À son retour de mission, en 1714, Anne-Victoire devient « le gouvernail de la reconstruction », et elle « y avoit parfaitement réussi au goust des meilleurs connoiseurs ». Vers 1730, les religieuses lancent le chantier d’une chapelle qui, consacrée en 1737, vient parfaire leur couvent tout neuf. C’est encore la sœur Pillon qui l’a dessinée. C’est elle encore, qui supervise la construction, confiée aux entrepreneurs Ribailler , père et fils. En outre, elle a orné les intérieurs « de quantité de peintures de façon que de quelque côté nous portons nos regards, même à l’église et dans le chœur, nous ne voyons rien, qui nous rappelle, le souvenir de notre très honorée sœur » …
Extraits d’une étude de Robert Triger, dans Femmes en Sarthe actrices de leur temps.
Date de dernière mise à jour : 15/11/2025